đ§đ»ââïž Ce week-end, je suis sortie intĂ©gralement de ma zone de confort. Jâai ressenti le besoin de me ressourcer en pleine nature et suis partie branle-bas de combat sur un coup de tĂȘte Ă la montagne, vivre cet appel en dormant dans un tipi.
Merveilleux, me direz-vous, mais je savais que, malgré lit et duvet, le confort serait de loin pas de mise pour moi.
Jâai toutefois choisi en pleine conscience de vivre cette expĂ©rience. Je sais au plus profond de moi que pour faire bouger des choses dans sa vie, il convient de se dĂ©passer et de sortir des terrains connus. Jâai donc dĂ©cidĂ© dâaller faire face Ă mes peurs, en tenant fort la main de mon enfant intĂ©rieur en souffrance, pour libĂ©rer de nouveaux noeuds en moi.
Tout commence par la mĂ©tĂ©o, pluie et brouillard, prĂ©sents et annoncĂ©s sur lâensemble du sĂ©jour. Suite Ă une mĂ©saventure il y a quelques annĂ©es, le brouillard mâinquiĂšte toujours sur la route. Et la vie a dĂ©cidĂ© de corser le chemin pour affronter encore plus loin la blessure. Suite Ă une dĂ©viation, le GPS me fait prendre une route sinueuse de montagne pendant 20 minutes, «monter pour redescendre» : Tout ce qui mâa toujours semblĂ© inutile Ă ski đ. Ma voiture citadine en souffrance, mes guides protecteurs me chuchotant que tout ira bien, que jâen suis capable. Le brouillard qui sâintensifie, le flan de montagne qui me donne le tournis, la route trop Ă©troite pour croiser une voiture, le souffle court, mon masticage de chewing-gum sâintensifie. Ouf, on redescend ! Quelle ne sera pas ma fiertĂ© quand jâapprendrai que mĂȘme mes hĂŽtes de la rĂ©gion nâempruntent jamais ce chemin, tellement il est ardu. Moi, je lâai fait !
Vient ensuite mon besoin de me balader de nuit en pleine forĂȘt pour rejoindre la riviĂšre, le Bronze. Lampe de poche Ă la main, je marche le kilomĂštre qui me sĂ©pare de ce coin de paradis. Il faut savoir que depuis petite, jâai peur de la nuit noire. Mais ressentant tous les petits ĂȘtres magiques qui mâentourent đ§đ», je me sens comme pousser des ailes. Lâambiance nocturne est magique et jâen oublie que je suis entiĂšrement seule dans une forĂȘt loin de tout. Une lumiĂšre apparait, toutes mes peurs refont surface. «Aline, sâil sâagit dâun dangereux personnage, personne ne pourra te sauver. Tire-toi de lĂ tout de suite», mâhurle ma petite moi ! Ouf, mon mental envahissant nâavait pas raison, il sâagissait que dâune balade nocturne dâune jolie famille.
De retour Ă mon campement, je tente de prendre mes aises dans mon tipi. Le feu du poĂȘle est dĂ©jĂ presque Ă©teint⊠Suis-je capable de retenir correctement les instructions prĂ©cises donnĂ©es pour rallumer le feu sans encombre ? Je doute de moi, encore. Jâentends cette pensĂ©e limitante en moi qui me chuchote que je ne suis pas Ă la hauteur. «Quelle idĂ©e de partir ici toute seule, sans personne pour mâaider quand je ne suis pas capable de gĂ©rer.» «Mais, qui tâa dit que tu ne gĂ©rais pas, Aline ? Quâest-ce que tu nâes pas capable de faire toute seule ? Ne tâes-tu pas dĂ©jĂ prouvĂ©e Ă maintes reprises tes multiples capacitĂ©s ?» Oui, le camping, ce nâest pas oĂč je me sens le plus Ă lâaise, le glamping non plus apparemment. Il faut savoir que mes nuits en tente ne se sont jamais avĂ©rĂ©es trĂšs fructueuses jusquâici. Et lĂ , je suis seule, sans rĂ©seau de portable qui plus est. Jamais, je nâaurais imaginĂ© avoir tant besoin de connexion pour me rassurer. La nuit avance et le bruit du vent, de la riviĂšre, de certains animaux se fait de plus en plus prĂ©sent. Je nâai pas de fenĂȘtre et cela me dĂ©range fortement. Le feu est reparti sans difficultĂ©, encore une nouvelle chose que je gĂšre quand je ne me laisse pas envahir par mes croyances limitantes. Jâobserve de ma porte la lumiĂšre de la pleine lune qui commence Ă apparaitre derriĂšre la montagne. Je constate de loin que les rares autres rĂ©sidants sont en train dâĂ©teindre leur tente pour se coucher. Un silence et le noir presque complet planent dans le campement. Je suis la seule en solo. Les hĂŽtes mâont dit que câĂ©tait rarissime. Voyager seule Ă lâautre bout du monde, je lâai dĂ©jĂ fait. Alors pourquoi, ici me sens-je en insĂ©curitĂ© ? Heureusement, la lune fait son apparition. Comme depuis toujours, elle me rassure, elle materne mon enfant intĂ©rieur. AprĂšs avoir contemplĂ© cet astre sous toutes ses coutures depuis le domaine, je dĂ©cide dâaller me coucher. Il fait chaud, le feu fonctionne bien. Je rajoute les buches de nuit et je mâinstalle. La literie nâest pas trop dĂ©sagrĂ©able. Quelques papillons de nuit sâexcitent par ci par lĂ , mais je vais les laisser vivre leur vie dans leur univers, en me rappelant haut et fort quâils ne me feront pas de mal. La vue sur lâextĂ©rieur me manque, mais la lune apporte une douce clartĂ© Ă travers la toile. Le poĂȘle Ă bois produit des cliquetis constants, lĂ©gĂšrement gĂȘnants, mais je rĂ©ussis Ă en faire abstraction. Je suis fatiguĂ©e par les Ă©motions. Je mâendors.
1h30, le froid mâenvahit soudainement. Le feu ne brule plus⊠Les frissons ne me motivent pas Ă quitter la couette. Heureusement, un peu de rĂ©seau rĂ©apparait et me permet de communiquer enfin avec une amie encore Ă©veillĂ©e. Je me sens moins seule. Jâai peur, jâai froid, et ma petite fille intĂ©rieure me fait remarquer quâaucune surveillance du lieu nâest mise en place. «Nâimporte qui peut entrer pendant mon sommeil, aussi lĂ©ger soit-il.» Des flashs de mon enfance totalement insĂ©cure refont surface sans contrĂŽle. «La sĂ©curitĂ© intĂ©rieure est la clĂ©, câest la seule qui a su te protĂ©ger.» Je me sens enfermĂ©e. Jâallume la lumiĂšre. Un perce-oreilles marche le long dâun rondin de bois. MalgrĂ© ma puissante connexion Ă la nature, ma phobie des insectes rĂ©apparait. «Nâest-ce pas les perce-oreilles qui rentrent dans nos orifices ?» «Respire, Aline ! Tu savais que cette expĂ©rience te renverrait Ă tes insĂ©curitĂ©s et au manque de protection extĂ©rieure vĂ©cus toute ton enfance.» Quelques larmes coulent⊠Câest pas toujours si simple de tout affronter seule. Jâai longtemps surfĂ© sur la facette guerriĂšre qui nâa besoin de personne pour affronter. Mais jâai dĂ©sormais accueilli ma vulnĂ©rabilitĂ©. Il est temps dâen saisir sa puissance et de lâenvelopper de mon authenticitĂ©. Je prends la petite Linou par la main, je refais le feu, je marche pieds nus au risque de frĂŽler mes compagnons de maisonnĂ©e. Et lĂ , impossible de me rendormir. Câest mon enfance qui dĂ©file sous mes yeux. Câest ses peurs lĂ©gitimes qui mâenvahissent. Sauf que dĂ©sormais, je suis mon pilier, je suis ma force, je suis ma fragilitĂ©, je suis toutes mes facettes, je suis Moi. Et en assemblant toutes ces parties ensemble, cela forme une boule dâĂ©nergie Ă laquelle il ne peut rien arriver. Comment est-ce possible que jâaie toujours eu plus confiance en lâautre quâen moi-mĂȘme pour me protĂ©ger ou assurer certaines tĂąches ? Câest ça qui est en train de se transformer en moi ! Je suis capable de tout ! Je suis la personne la plus forte et rĂ©siliente que je connaisse. Câest donc lĂ que se trouve ma sĂ©curitĂ© intĂ©rieure.
Et que me dicte ma petite voix ? «Sors, tu as besoin de voir le monde.» Je nâaime pas ce lieu sans fenĂȘtre sur la vie. Ce nâest pas important si je ne dors pas, tant que je ne subis pas. Je veux vivre et non plus survivre. Je veux constater la beautĂ© de ce monde par moi-mĂȘme en me soutenant, comme personne nâa su le faire pour moi. «Mon enfant, tu ne seras plus jamais seule Ă affronter tout ça. Allons nous installer face Ă la lune et ses ombres et profitons de cet instant, qui Ă©tait dĂ©jĂ ton seul Ă©chappatoire nocturne. Il nây a plus lieu dâavoir peur, tu nâes plus seule. Et moi, je chasserai les monstres qui tâont dĂ©possĂ©dĂ©e dâune partie de ton Ăąme.» Et câest bras dessus bras dessous, une bougie dâune main, un brin de sauge blanche de lâautre que nous nous somme rendues sur cette superbe terrasse en bois afin de ritualiser cet instant sacrĂ© dâunion avec un fragment de moi trop longtemps perdu đŠ.
Lâinstant dâaprĂšs, je me retrouve blottie dans mes draps, sereine, ultra connectĂ©e, en harmonie, Ă profiter de mes derniĂšres courtes heures de sommeil. Reste que câest dâune mine extraordinairement rĂ©jouie que je retrouve mes pĂ©nates, emplie de fatigue intense certes, mais surtout dâun contentement et dâune fiertĂ© incommensurables. Merci pour ce cadeau de la vie !
Merci Ă tous mes compagnons de lumiĂšre qui mâont permis dâaccomplir ce passage đŒđ».
Merci pour votre lecture, en espĂ©rant que cela aie peut-ĂȘtre ravivĂ© une petite flamme en vous đđ».
Avec mes lumineuses pensĂ©es đ
Aline đŠ
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